Leurs rôles

ENJEUX DE CONSERVATION

Au niveau national

Les zones humides abritent plus de 30 % des plantes remarquables et menacées de France et 50 % des espèces d’oiseaux. Elles constituent les zones de reproduction de tous les amphibiens.

67 % des surfaces de zones humides auraient disparu en France au cours du siècle dernier. 50% au cours de ces 30 dernières années.

Au niveau départemental

15 % des sites de coteaux basques et béarnais ont disparu en plaine dans les Pyrénées-Atlantiques entre 2000 et 2006 soit 5% de la surface totale.

28 % de sites sont considérés comme dégradés soit 24 % de la surface totale.

Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs et des politiques prend en compte l’enjeu de conservation des zones humides. Sur le territoire des Pyrénées-Atlantiques, ces politiques se déclinent à travers :

  • le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau Adour Garonne (SDAGE), notamment sont 8 ème programme d’intervention,
  • la politique des Espaces Naturels Sensible (ENS) du Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques,
  • le Plan National d’Action sur les Zones Humides,
  • les Plans Nationaux d’Action en faveur d’espèces protégées et caractéristiques comme la Loutre, le Vison ou encore le Desman d’Europe, …
  • la Charte du Parc National des Pyrénées,
  • l’application du dispositif Natura 2000 sur de nombreux Sites d’Importance Communautaire,
  • l’application de la nouvelle réglementation sur l’eau et les milieux aquatiques etc.

PRINCIPALES FONCTIONS ASSUREES PAR LES ZONES HUMIDES

Le contrôle des crues et la limitation des risques d’inondation

Les zones humides constituent de véritables « éponges » naturelles permettant le stockage de l’eau et sa restitution aux cours d’eau ou encore l’alimentation des nappes aquifères. Composant de véritables zones d’expansion de crue, elles limitent bien souvent les effets dévastateurs des inondations à l’aval des cours d’eau. Les zones humides côtières protègent le littoral et limitent les effets destructeurs des tempêtes et, par conséquent, peuvent aussi atténuer les effets des changements climatiques.

Aux États Unis, il a été récemment évalué que 0,4 hectare de zones humides pouvait stocker 6000 m3 d’eau de crue. En France, le risque d’inondation concerne 1/3 des communes dont 300 grandes villes, soit 2 200 000 ha pouvant être submergés et 2 millions d’habitants affectés. Les crues de la Somme (2000-2001) et du Gard (2002) ont coûté 250 millions d’euros de dommages.

La végétation des zones humides est très souvent et naturellement adaptée aux crues (ex : saules en pied de berge …). La résistance aux crues est fonction de la durée de celles-ci et de la tolérance des essences :

  • Frêne > 50 jours
  • Chêne pédonculé, orme champêtre, aulne > 100 jours
  • Saule blanc > 150 jours

L’épuration des eaux

De nombreuses zones humides agissent comme des « filtres » biologiques. Les plantes et les sols des zones humides contribuent à épurer de fortes concentrations d’azote et de phosphore, et, dans certains cas, de produits chimiques toxiques, de métaux lourds, de pétrole … Les plantes de zones humides peuvent, dans certaines conditions, éliminer jusqu’à 99,9% des bactéries coliformes fécales.

L’Aulne est une essence qui participe, par exemple, activement au recyclage de l’azote. L’absorption d’azote dans l’eau du sous-sol est 38 fois plus importante dans une jeune ripisylve que dans une prairie pâturée, 25 fois plus que dans une jeune peupleraie, 2 fois plus que dans une peupleraie.

Il faut toutefois garder à l’esprit que les zones humides ne sont pas en capacité de recycler tous les polluants et dans n’importe quelle concentration.

Le stockage du carbone

Les zones humides peuvent stocker jusqu’à 40% du carbone terrestre mondiale. Les tourbières et les zones humides boisées sont de véritables « puits » de carbone. A l’échelle mondiale, les tourbières stockeraient jusqu’à 1,4 Gt de carbone soit 25% du carbone contenu dans le sol et ¾ du CO² atmosphérique.

La transformation en terre agricole et la destruction des zones humides seraient responsables, au moins à 60%, de l’effet de Serre par l’émission d’énormes quantités de dioxyde de carbone.

Ainsi, les tourbières converties en terres agricoles émettent de 0,05 à 0,1 Gt de carbone / an.

Rétention et exportation des matières nutritives et sédiments

Les zones humides ralentissent le passage de l’eau et retiennent donc une importante partie des sédiments et nutriments. Elles font partie des systèmes les plus productifs et rivalisent même avec les systèmes de culture intensive. Par exemple, dans certaines zones humides africaines, la production primaire annuelle de Papyrus est de 100 tonnes / ha et celle de Massette (Typha) varie par exemple de 30 à 70 tonnes par hectare.

En zone tempérée, au Danemark, une roselière d’eau douce produit annuellement 14 tonnes par hectare contre 10 tonnes d’herbe par hectare pour une prairie.

En fonction des saisons les zones humides peuvent agir comme «source» ou «puits» de sédiments et de nutriments.

Les fonctions écologiques

La faune et la flore des zones humides sont très adaptées aux conditions écologiques particulières, et même parfois extrêmes, comme les plantes carnivores qui pallient le manque d’azote dans les tourbières oligotrophes en capturant des insectes et en digérant des protéines animales.

Les zones humides assurent également de nombreuses connections et transitions entre les milieux terrestres et les milieux aquatiques, favorisant un maximum de biodiversité.

Organisées en réseaux écologiques, ou encore en corridors écologiques, elles s’avèrent absolument indispensables pour assurer le déplacement et le brassage génétique des populations d’espèces caractéristiques, souvent menacées de disparition.

Les fonctions récréatives

Les zones humides attirent aujourd’hui de nombreux touristes de par le monde pour des raisons esthétiques et du fait de la diversité de la faune et de flore qu’elles abritent. Elles ne sont plus considérées comme des marais insalubres et beaucoup d’entre-elles génèrent des revenus au niveau local, voire national dans certains pays.

Les activités récréatives, telles que la chasse et la pêche, peuvent assurer localement un revenu substantiel.

Les zones humides sont fréquemment utilisées comme support pédagogique auprès d’un large public, notamment pour sensibiliser les générations futures sur les enjeux de conservation de ces milieux naturels.

LA VALEUR DES ZONES HUMIDES

Les zones humides sont donc des milieux multifonctionnels. De nombreuses études tendent aujourd’hui à démontrer que les zones humides représentent une très grande valeur pour nos sociétés modernes. Les services écosystémiques rendus par les zones humides représenteraient une valeur de 14 000 milliards de dollars US par an selon un rapport technique Ramsar (2007).

La biodiversité des zones humides constitue un important réservoir génétique à l’incroyable potentiel économique pour l’industrie pharmaceutique mais aussi pour la culture de plantes commerciales tel que le riz.

Les zones humides fournissent une immense variété de produits à l’Homme : poissons, coquillages, plantes cultivées et médicinales, gibier, bois de chauffage et de construction, résine, roseaux pour les toits et la vannerie, fourrage et zones d’abreuvage pour le bétail, etc.

Sur la base d’un échantillon de 603 zones humides Ramsar, 30% revêtaient en plus de leurs nombreuses autres valeurs, une importance culturelle, archéologique, historique, religieuse, mythologique, artistique et créatrice à l’échelle locale ou nationale.